En s’inspirant d’un fait divers, cette installation a pour but d’abstraire le réel pour en restituer des indices, des traces. Un récit incarné par plusieurs témoignages fictifs tente de reconstruire l’événement. Les photographies imprimées en plusieurs couches de calques morcellent l’idée du lieu qui aurait accueilli l’action. Le spectateur devient un acteur dans la reconstruction de ces fragments de récit en ajoutant sa propre subjectivité, et donc sa propre version de l’événement. Ce qu’il restera questionne le fait divers érigé en mythe lors de son entrée dans l’imaginaire tant collectif qu’individuel. Comme un morcellement de points de vues autour d’un même évènement, dans une tentative d’approcher d’une forme de vérité par la multiplicité des poins de vues.
Extrait d’un texte :
Le gamin a sauté bizarrement comme s’il avait perdu l’équilibre avant de se lancer. Il venait souvent ici pour regarder ses amis sauter, lui le faisait très peu. Quand je l’ai vu en haut, je pensais qu’il était là uniquement pour la vue, pas pour les sensations. Quand on saute de trente mètres il faut être béton à l’arrivée. J’ai juste entendu l’impact.
Extrait d’un texte :
On vient là pour le calme, pas pour les entendre crier toute la journée. On essaye de réduire l’écho en se tenant à l’écart. Parfois il y a des cris plus forts que d’autres. Ce jour-là ça nous a déchiré les tympans. Quand on est allés voir, il y avait du monde à l’eau. On a essayé de comprendre avant de retrouver nos affaires qu’on avait laissées seules.
Extrait d’un texte :
Je lui avais dit qu’on ne joue pas avec ces choses-là. Il saute sans chaussures, personne ne fait ça. Ça m’a foutu un coup. Trois étés qu’on se connaît, que je lui dis de faire attention. Je n’ai pas compris, il a sauté alors que je lui parlais. Bizarre. J’étais un peu sonné, j’ai mis du temps à réagir.